Avant d’entrer au service d’Amazon aux É.-U., l’experte en science des données Lizzy Soto Hernandez travaillait pour l’entreprise dans son pays natal, le Costa Rica. Mordue des maths « J’ai toujours aimé compter tout un chacun, et tout organiser, » a-t-elle déclaré à son sujet, la possibilité de parfaire ses connaissances a mené Mme Hernandez à près de 5 500 kilomètres vers le nord, jusqu’au siège social d’Amazon, à Seattle. Elle voulait étudier à la Machine Learning University (MLU) d’Amazon.
C’est donc ce qu’elle a fait. Elle s’est jointe à un groupe de plus en plus important de personnes au service d’Amazon qui se sont inscrites au cours de la MLU, retournant à son équipe munie d’un savoir de niveau universitaire. Certains des plus grands experts de l’équipe d’Amazon y donnent des cours, bon nombre de ces spécialistes détenant un doctorat en apprentissage automatique. Ces titulaires de doctorats enseignent bénévolement, car ils veulent aider à résoudre ce qui est en définitive un problème excitant pour Amazon. En effet, l’entreprise ne parvient pas à embaucher suffisamment de spécialistes en apprentissage automatique pour suivre le rythme des nouvelles possibilités visant à intégrer l’apprentissage automatique à ses systèmes à commande vocale, de vision, de données, de robotique et d’aide à la décision. La solution : donner au personnel technique d’Amazon l’occasion d’acquérir des compétences en apprentissage automatique. C’est cela, l’objectif de la MLU.
Les compétences acquises à la MLU aident le personnel d’Amazon à utiliser l’apprentissage automatique pour fournir des avantages comme de meilleurs délais de livraison, des résultats de recherche de produits plus pertinents, une meilleure possibilité d’avoir en stock le produit voulu et des recommandations personnalisées afin d’accomplir des tâches ardues, comme diriger les clients vers un livre, une émission ou une liste musicale qu’ils essaieront et aimeront.
« Nous aidons à préparer nos effectifs à la prochaine vague de technologies dans lesquelles Amazon investit », a rapporté Bree Al-Rashid, qui dirige l’équipe de la MLU.
Lorsqu’ils sont inscrits à la MLU, les employés d’Amazon peuvent s’absenter de leur travail régulier un jour par semaine. Les Amazoniens ne paient jamais pour leurs cours, même s’ils viennent à mettre leurs compétences au service d’une autre entreprise par la suite. La MLU fait partie d’une liste croissante de programmes offerts par Amazon qui permettent aux employés d’acquérir de nouvelles compétences fondamentales en vue d’occuper des postes recherchés. L’entreprise s’est engagée à améliorer les compétences de 100 000 employés d’ici 2025, au moyen d’un investissement de 700 millions de dollars.
La MLU a suscité un enthousiasme parmi le personnel d’Amazon, probablement en raison du fait qu’elle élimine certains obstacles pour les professionnels à mi-carrière qui veulent suivre des cours universitaires. Parmi ces obstacles, citons les frais de scolarité, la difficulté à suivre le rythme du travail quotidien, le temps nécessaire pour se rendre sur un campus et en revenir, et la peur de suivre un cours qui ne fournira pas des compétences utiles sur le marché du travail.
Selon Brent Werness, docteur en mathématiques, la MLU attire des étudiants motivés, car elle offre une expérience d’apprentissage adaptée aux besoins des effectifs d’Amazon. Avant d’entrer au service de la MLU, M. Werness a enseigné à l’Université de Chicago et dans d’autres établissements. Il se partage aujourd’hui les tâches d’enseignement avec un autre membre du corps professoral à temps plein, ainsi qu’avec des centaines d’Amazoniens qui le font bénévolement.
« Chaque étudiant de la MLU a dû discuter avec son gestionnaire et obtenir une autorisation avant de venir ici et d’y acquérir des connaissances, raconte M. Werness. C’est fantastique, car l’essentiel pour un enseignant est d’avoir une classe d’étudiants entièrement engagés. »
La MLU a pour objet d’entraîner les étudiants « dans un long parcours sinueux en matière d’apprentissage », souligne M. Werness. « Nous ne leur inculquons pas comment entrer cinq lignes de codes pour obtenir un résultat. Nous tentons de leur enseigner comment fonctionnent tous ces systèmes. »
Cette approche donne à la MLU le pouvoir de démystifier les choses. « J’ai obtenu mon diplôme dans les années 1980. À l’époque, personne ne parlait de l’apprentissage automatique », indique Jim Brunner, ingénieur principal en logiciels chez Amazon. « Avant la MLU, je croyais que l’apprentissage automatique relevait de la magie. »
Lorsque Jim Brunner a terminé ses études à la MLU, il y est retourné à titre d’aide-enseignant bénévole. La magie avait disparu, mais dans le bon sens. « Pas de magie ici. Que des maths. », a affirmé M. Brunner.
Des hochements de tête d’approbation ont accueilli ces paroles, suivis d’une discussion animée entre Jim Brunner et d’autres étudiants de la MLU. Parmi eux, Mme Hernandez, qui a fait remarquer que les maths qu’ils apprennent maintenant les aideront à construire, à inventer et à peaufiner bien des choses au cours des décennies à venir. « Nous ferons partie de l’histoire », a-t-elle avancé.